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En quête de différence

J'ai longtemps cherché à proposer autour de la nature un travail singulier et c'est par hasard que cette idée m'est venue. La première photo, de ce qui allait être une longue série, a été prise sur la table de ma salle à manger une simple feuille de papier machine glissée sous le sujet. Cette première photographie fût pour moi une véritable révélation. C'est ce type d'images que je voulais produire. J'ignorais encore tout de la charge de travail que cela allait représenter. 

Cette photographie est utilisée par Canson Infinity à travers le monde pour faire la promotion de la gamme fine art de la marque

 

Je me suis accroché à cette idée simple et je l'ai explorée avec opiniâtreté, beaucoup de frustrations et d'échecs ont été surmontés avant de parvenir à un résultat convenable. Un investissement personnel et matériel fût évidemment nécessaire. Et bien qu'étant de ceux qui pensent que l'idée prévaut sur la technique et qu'en photographie - comme en musique ou en dessin d'ailleurs et persuadé qu'il faille faire ses gammes pour progresser -  j'ai dû acquérir au fil du temps et un matériel spécifique à la réalisation de mes images. (cf. p158 et 159 du livre)

 

Principes de déconstruction

Je suis d'abord parti du vide, le sujet simplement déposé sur une feuille de papier blanc, était photographié sans flash. La disparition du fond étant obtenue uniquement grâce un peu de surexposition. L'omniprésence du vide et donc omniprésence du support, était dû à l'absence totale de nature. Les images étaient néanmoins fortement chargées émotionnellement.C'est avec cette technique que fût réalisé mon premier travail de fond : "Les colocataires", une série d'images sur la micro faune de nos habitations, garages et jardin. Les colocataires furent présentés en 2007 au Festival international de photographie animalière et de nature de Montier-en-Der où je fus avec eux l'un des quatre invités d'honneur révélations.  

Le papillon n'était pas encore le thème unique de mon travail, la série "Colocataires" exposée à Montier-en-Der en 2007 amorçait seulement la démarche de la mise en avant du sujet, un peu à la Duchamp...

 

A cette époque, inconsciemment, j'ai de la même manière déstructuré mon propre nom. Ma signature est passée de lettres distinctes à une simple vibration. Cela correspond à l'annonce de la maladie de mon père...

19 juin 2006



19 novembre 2007




Aujourd'hui.

 

A la reconstruction du monde

 

C'est lorsque j'ai commencé à reconstruire la nature en créant le petit théâtre végétal de mes images : l'Ikebana, que j'ai simultanément cherché à donner du sens à mon nom [ e-te ] et que je me l'approprie enfin.

 

Un petit morceau de prairie transporté dans mon bureau.

 

Cette période coïncide à la date du décès de mon père. Une réconciliation avec moi-même, sans doute l'acceptation de mes origines, de ce que j'étais profondément. J'avoue également que la lecture de la biographie de Gustave Courbet m'a confortée dans l'idée que l'on pouvait à la fois créer et vivre dans l'action : être actif et agir sur le monde. A ma façon je refaisais déjà le monde ou plutôt un monde... dans mon bureau.

 

Vous l’aurez sans doute compris pour moi la photographie est un mensonge par omission où le sujet est prétexte à parler de la photographie, de l’importance du support, de son rapport au réel, un discours sur l’origine et la vérité. Ceux qui y voient des papillons et des fleurs ne voient pas tout car ils ne perçoivent que la simple évidence du sujet. J’aime les questions que ce travail pose au public :

 


 

Autant d'interrogations qui rendent le public acteur plus que simple visiteur, le renvoie à sa propre consommation d’images et j'espère le pousse à réfléchir sur leur vérité. Beaucoup finissent par s’approprier la démarche et transposent ces questions sur les autres médias. Je tente d’habiller ma démarche d’une recherche esthétique qui la rend accessible au plus grand nombre. L'art n’est pas pour moi une question de castes mais un langage qui se doit d’être le plus intelligible possible

 

"Fais ce que tu vois et ce que tu ressens, fais ce que tu veux." (Inscription figurant sur les murs de l'atelier de Gustave Courbet).

 

Tag(s) : #La démarche

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